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Accidents et naufrage sur les côtes croisicaises fin janvier 1913

Le naufrage de la « Langouste » sur les rochers de la Govelle en 1913

Aller en haut de page Titre du naufrage de la « Langouste » à la Govelle en 1913

Le 30 janvier 1913, le navire Langouste fait naufrage à Bourg de Batz, sur les rochers de la plage de la Govelle.

Le canot de sauvetage du Croisic, Amiral Méquet, à la parade.
Collection personnelle

La météo

Le temps de la journée du 30 janvier 1913 est calme, « le vent faible des régions sud sur les côtes de la Manche et de directions variables sur celles de l’océan Atlantique ». Mais le 31, la situation météorologique évolue rapidement, sous l’influence d’une profonde dépression positionnée sur le nord et l’ouest de l’Europe.

La tempête sévit et la côte croisicaise, balayée par des vents violents, est confrontée à une mer grosse et très houleuse.

Les Sauvetages

La mer est même estimée très grosse, lorsque le vendredi 31, à 7 heures du matin, un caboteur est repéré dans la baie du Croisic, pavillon en berne. Le canot de sauvetage de la Turballe est aussitôt lancé. Une heure plus tard, il rejoint le dundee Anne-Marie de Vannes, capitaine Lambotin, alors qu’il n’est plus qu’à cent cinquante mètres de la côte.

Au Croisic, c’est à 7 h 30 que le bateau est signalé « chassant sur ses ancres » ; la corne d’alarme est actionnée et, à 7 h 45, l’Amiral Méquet est à l’eau. Malheureusement, le vent et la marée contrarient la progression du canot et il rejoint l’Anne-Marie seulement un quart d’heure après que le canot de la Turballe l’a abordé.

La goélette Langouste échouée sur les brisants de la Govelle dans la soirée du 30 janvier 1913.
Collection personnelle

Simultanément, à 8 h 30, le maire du Croisic reçoit un appel téléphonique du moulin de Monfort à Batz, signalant une goélette en perdition dans la baie de la Govelle.

Averti, Novella, président du Comité de Sauvetage du Croisic se rend à l’extrémité de la jetée du Tréhic et, accompagné du gardien du phare déploie un drapeau pour alerter et rappeler le canot de sauvetage. Celui-ci, devenu inutile auprès du bateau en détresse, revient et reçoit l’ordre de rejoindre sans délai la plage de la Govelle, par voie de terre.

La goélette Langouste y est échouée sur les rochers, à une centaine de mètres du rivage, « crevée sur les brisants ».

Le Naufrage

Le drame s’est joué dans la soirée du jeudi.

Venant de Falmouth, via Morlaix et se dirigeant vers Saint-Nazaire, la goélette vivier Langouste, « armée au cabotage, capitaine Viaud », avait été drossée à la côte. À 8 h 30 du soir, le capitaine estimant qu’il ne pouvait doubler la Banche, vira de bord, mais il ne put virer vent devant et « étant viré bâbord amure, la dérive et les courants l’entraînèrent à la côte, malgré force toile ». À 10 heures, la goélette talonnait sur les roches de la Govelle.

Une nuit d’angoisse commençait pour l’équipage. Un premier canot de sauvetage de la Langouste fut emporté par la mer. Il fut impossible de mettre le second à l’eau. Dans la nuit, autour de la marée haute de 11 heures, le navire était recouvert par les vagues en permanence.

Image de la goélette Langouste, crevée sur les brisants de la Govelle, vue à marée basse, dans l'après-midi du 31 janvier 1913.
Collection personnelle

Cette région inhospitalière de la côte était déserte en ce temps-là1 et, malgré les signaux de détresse, aucun secours ne vint de la terre.

Réfugiés dans la chambre arrière du bateau, les hommes passèrent la nuit dans les conditions que l’on imagine : la tempête, les vagues, la pluie, le bruit de la mer sur la coque éventrée, l’obscurité, la crainte, à chaque instant, de voir la coque éclater.

Enfin, à 4 h 30, heure de la marée basse, les rochers décou-vrent et les hommes, équipés de leurs ceintures de sauvetage, réussissent de rochers en rochers à rejoindre la terre ferme. Rien ne put être sauvé, ni effet personnel, ni objet du bord ; le bateau était totalement perdu.

On ignore si la cargaison contribua au peuplement des fonds marins locaux.

Épilogue

Deux mois et demi plus tard, le 13 avril, le tribunal commercial maritime de Nantes condamnait le capitaine Viaud à trois mois de retrait de commandement.

14 janvier 2020


Sources :
BNF : Ouest-Éclair et Annales du Sauvetage Maritime.



Notes :
1. Description de la plage de la Govelle, parue dans le Supplément illustré du Petit Journal du 27 janvier 1895. Source : RetroNews
Un peu en deçà de la pointe du Croisic, à l’endroit où commence l’estuaire de la Loire, entre le Pouliguen et le bourg de Batz, s'ouvre la baie de la Govelle. Sa plage de sable fin, qui se développe en quart de cercle sur plus d’un kilomètre d’étendue, s'adosse à une falaise de médiocre hauteur, plutôt un éboulis de roches grisâtres, convulsivement entassées, derrière lesquelles moutonne tout un horizon de dunes infertiles et désolées. Du côté de l'Ouest, la falaise se vallonne pour donner passage à un filet d'eaux vives, lesquelles goutte à goutte, filtrées de la dune et retenues par une rangée de pierres, forment un doué fréquenté par les lavandières de Batz ; à l'Est, au contraire, elle se relève jusqu'à sa pointe extrême, et là, brusquement coupée, dresse, comme un défi jeté à l’Océan, un bloc énorme de granit, un flot tourmenté et raviné, dont la base s'effile vers le large en un long chapelet d’écueils. Le site est sauvage et grandiose ; par les coups de vent de Sud, la mer y pousse à l'as­saut de la terre des escadrons de lames monstrueuses qui, leurs crêtes hérissées, chevauchent tumultueusement les unes sur les autres, ébranlent les rochers de leurs coups de bélier répétés, s'échevèlent, se tordent, rejaillissent vers le ciel en fusées d'écume de plusieurs mètres de haut. Le fond de cette baie est ravagé de remous, sillonné de courants et de contre-courants qui, après les gros temps, à marée basse, jonchent sa grève de débris, amenés des parages environnants.


-  © Jean-François Caillet 2008-2022  - 

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