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La Chapelle et le lièvre faisandé en décembre 1904

La Chapelle et le lièvre faisandé

Aller en haut de page Titre de la petite histoire du lièvre faisandé de monsieur d’Hamonville

La carte et sa correspondance

La carte présentée ci-dessous est ancienne, comme l’atteste le volet unique de son verso, mais n’est pas vraiment rare et son originalité ne vient pas de sa date d’édition.

La Chapelle Notre-Dame du Mûrier.
Collection personnelle

En revanche, la correspondance et son décalage par rapport au lieu sont beaucoup plus surprenants : on lit plus souvent des histoires de homards sur les cartes postales de Batz et de sa région que des histoires de lièvres.


» Mon cher ami,
» Ce mot pour vous
» dire que je me suis
» aperçu, après votre
» départ, que j’avais
» donné à l’un de vous,
» par mégarde, un
» lièvre de 3 ou 4
» jours. Je me hâte
» de vous prévenir
» afin que s’il vous
» est attribué vous
» ne le laissiez point
» trop faisander. Mes
» hommages à Madame Mathis
et à vous confraternelles amitiés. d’hamonville


La correspondance est amusante par le sujet qu’elle traite. D’Hamonville est une personnalité locale importante dans l’est de la France, mais il est étrange de le voir écrire une carte postale de Batz, en plein mois de décembre, pour évoquer le faisandage d’un lièvre.

Courrier de monsieur Tardif d’Hamonville
à monsieur Mathis.
Collection personnelle

L’explication est au dos de la carte : d’après le cachet de la poste, celle-ci n’a pas été postée à Batz, mais à Toul, à près de 700 kilomètres de là. Le courrier pourrait avoir été oblitéré par le bureau destinataire, voire dans le train, mais séjourner à Batz en décembre pour y chasser n’est guère plausible.

D’Hamonville, pas trop fier de l’erreur commise, a pioché dans la collection familiale de cartes postales1 pour avertir au plus vite ses invités de la méprise qui a fait distribuer un lièvre tué depuis plusieurs jours, parmi d’autres fraîchement tués, sans doute lors d’une chasse sur les terres du domaine de son château de Manonville, en ce samedi 12 décembre 1904.

Espérons que les invités n’étaient pas trop nombreux et que d’Hamonville a pu profiter de quelques instants de repos après cet après-midi sportif.

Remarquer qu’à cette époque, la règlementation relative aux cartes postales était très différente de la réglementation actuelle : une face entière était réservée à l’écriture de l’adresse et à l’affranchissement, l’autre devant regrouper l’image et le texte de la correspondance. Par la suite, la correspondance et l’adresse se partageront une face de la carte, l’autre étant occupée par l’image et l’affranchissement. Enfin, dernière étape, l’affranchissement quittera l’image pour rejoindre l’emplacement de l’adresse.

Les correspondants

Henri Tardif d’Hamonville

Henri Marie Charles Louis Tardif d’Hamonville, baron de Manonville, est né au château de Manonville, en Meurthe-et-Moselle, le 21 mai 1864.

Bien que notre identification de l’expéditeur ne repose que sur son nom, d’Hamonville, elle est cependant quasi certaine.

Le baron est alors conseiller général, représentant le canton de Domèvre-en-Haye. Le Dictionnaire biographique illustré de la Meurthe-et-Moselle le décrit comme « consacrant tous ses loisirs à la chasse, à la pêche et à l’étude de l’histoire naturelle qu’il aime, comme son père, avec passion ».

Édouard Mathis

Marie Édouard Mathis, fils de cultivateur, avocat à la cour de Nancy, a repris l’exploitation familiale à la mort de son père. En 1904, il vient d’être élu conseiller général du canton de Dompaire, dans les Vosges, à une centaine de kilomètres de Manonville. Maire de Ville-sur-Illon, battu aux élections législatives de 1914, Marie Édouard Mathis sera élu député en 1919, réélu en 1924, il meurt en 1929. Progressiste, son parti défend « le droit de vote des femmes, la diminution du service militaire, un super impôt sur les signes extérieurs de richesse et des mesures en faveur des familles nombreuses2 ».



Note
1.Notons que la mode de la collection de cartes postales touchait également les couches favorisées de la population.
2.Source : Dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly).

21 août 2018


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