Bloc de navigation Accueil Retour à la page précédemment affichée
Titre de la page du chalet Les Roches noires de Bourg de Batz aux XIXe et XXe siècles

Bourg-de-Batz — L'histoire du chalet Les Roches noires à Bourg-de-Batz

Aller en haut de page Les Roches noires, titre de la chronique

Le cafetier

Originaire de Nantes, Auguste Menet épouse en 1890, à Sucé-sur-Erdre, Marie Baptistine Rousseau. Son père, Victor Menet, est « parti depuis plus de vingt ans sans avoir jamais fait connaître sa résidence », Auguste avait alors tout juste  2  ans. Du mariage Menet-Rousseau naîtront cinq enfants, mais les aînés, deux garçons, meurent en bas âge.

En 1882, alors qu’il est sellier à Maubeuge, Auguste Menet s’engage pour cinq ans dans l’armée, à Bordeaux. À sa libération, en 1887, il revient s’installer à Sucé-sur-Erdre, à quelques kilomètres au nord de Nantes et y exerce son métier de sellier. En 1895, il gagne la région parisienne, loge à Saint-Ouen, et travaille comme brigadier à la Compagnie des Omnibus « l'Urbaine », mais il est parti seul, sa famille restant à Sucé. En 1900, il est de retour dans la région nantaise, installé toujours seul à Blain, à une petite quarantaine de kilomètres de Sucé, puis il regagne Nantes courant 1901.

Après ce périple de vingt ans, il décide de rejoindre la côte avec sa famille pour participer à l’émergence de l’économie balnéaire. Son choix se porte sur Bourg-de-Batz où il acquiert une parcelle de falaise d’environ 600 mètres carrés, située sur la route du Croisic, près du carrefour de la Grande Vallée. Un bâtiment comportant une vingtaine d’ouvertures, dont le revenu est estimé à 375 francs, est édifié.

Brève vie du café

Le café « les Roches noires » sur la route du Croisic
Collection particulière

En 1906, en dehors de la saison estivale, dans ce secteur éloigné de Bourg-de-Batz nommé la Barrière1, les habitations occupées sont rares. Auguste Menet a un unique voisin permanent : Georges Callote, le gérant de l’Atlantic-Hôtel, qu’assiste le ménage d’un jardinier.
Ferdinand Loyen du Puigaudeau2, célèbre artiste peintre impressionniste alors « en devenir », sa femme et sa fille, oc­cupent brièvement les Roches noires en tant que clients. Précédemment hébergés par le grand restaurateur Albert Maurice, ils s’installeront l’année suivante au Croisic, où du Puigaudeau finira sa vie en 1930.

Le café est isolé dans les dunes, à trois encablures de la mer, en bordure d’une route peu passante l’hiver et l’activité de location de chalets l’été ne suffit pas pour générer un chiffre d’affaires permettant à la famille d’Auguste Menet de vivre ainsi qu’il l’espérait.

Changement d’activité

En 1912, l’immeuble est mis en vente et le notaire du Croisic, Albert Granier, s’en porte acquéreur.

Lui non plus ne le conserve pas longtemps et, vers 1920, il le cède à Marguerite Ostoréro3, dont le domicile principal est à Paris, rue de Rennes, en face de l’appartement de Marie Louise Vaucourt. Cette proximité leur a permis d’entrer en contact. Madame Vaucourt, sans héritiers, dispose de moyens financiers importants, bien au-delà de ses besoins ; après avoir convaincu Marguerite Ostorero d’établir à Batz ses activités de bienfaisance, elle contribuera à leur financement.

À partir de cette date, l’ancien café est dédié aux œuvres religieuses. Vers 1947, la propriété est transférée à la Société immobilière anonyme du domaine d’Orgeville à Caillouet-Orgeville (Eure), émanation des œuvres de bienfaisance de Françoise Bonjean4, puis, vers 1957, à la Communauté des Sœurs du Saint-Cœur de Marie « la Providence » de la Flèche dans la Sarthe.

Ainsi, lieu de perdition impie à l’origine, les murs acquéraient une rédemption durable.

20 octobre 2018



Notes :
1.La Barrière désigne le point de passage entre Bourg-de-Batz et le Croisic.
C’est à cet endroit que lors du transfert de la dépouille de Saint-Guénolé, les bœufs, l’air préoccupé, s’arrêtèrent et refusèrent de repartir. Le message délivré était clair : « Le grand Saint, tout bonnement, voulait rester au Bourg. On fit donc demi-tour et on revint triomphalement à Batz avec autant de ferveur et un peu plus de joie. Et voilà comment saint Guénolé devint le patron du Bourg » (« Saint Gwénolé et le miracle de la Barrière » in Le Bourg de Batz, A. Brohand et J.-Y. Richard, Éditions des Korrigans, 1952).
2.Ferdinand du Puigaudeau était né à Nantes, comme Auguste Menet, quatre mois après lui.
L'orthographe de son patronyme varie selon les sources, nous avons choisi d'utiliser la graphie de son acte de naissance.
3.Peu après, Marguerite Ostorero achète le chalet Portadelys, près de la baie du Grand-Mathieu.
4.Petite-fille du premier président de la Cour de cassation fusillé par les Communards, Françoise Bonjean consacra sa vie à l’aide bien­veillante des enfants défavorisés, participant ainsi à la mission que son père avait lancée.


-  © Jean-François Caillet 2008-2022  - 

www.bourg-de-batz.fr
V2.0 - 18/10/2022 - 11:55:39