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Titre de l’histoire des chalets construits par Bertrand Marchand en 1950 au Bourg-de-Batz.

Bourg-de-Batz — Histoire des « Chalets Marchand » à Bourg-de-Batz

Aller en haut de page Les «Chalets Marchand», titre de la chronique

Les chalets Marchand sont situés rue Appert, près de la plage Valentin, entre la rue de Casse-Caillou et la villa les Alouettes.

Les constructions

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Le site des chalets « Marchand », construits au bord de la rue Appert qui mène à Valentin.
Collection personnelle

Dès 1938, Bertrand Marchand et son épouse séjournent à Batz, où ils fréquentent la plage Valentin et projettent d’y installer des chalets. Malheureusement, la guerre retarde leur projet de construction, qui est repris sitôt celle-ci terminée. Par ailleurs, en 1949, Charles Filloche qui a hérité de terrains acquis par son père sur la plage Valentin, cinquante-cinq ans auparavant, décide de s’en séparer. Bertrand Marchand se porte acquéreur et prend possession de 2 000 mètres carrés rue Appert, entre la villa « les Alouettes » et la rue de l’Atlantique. La moitié de cet achat reste en terrain vague, devenant un placement financier. Sur l’autre moitié, trois chalets sont édifiés en 19501 : les chalets « Marchand ».

Bertrand Marchand est alors l’affable propriétaire d’une entreprise de sciage et commerce de bois, installée près de Montoire-sur-le-Loir, dans le nord du Loir-et-Cher.

Le chalet Saint-Arnoult en 2017.

Le chalet Saint-Arnoult, construit en 1950, rue Appert.
Collection personnelle

Les poutres composant l’armature extérieure, aussi bien que l’aménagement intérieur des chalets, provenaient bien entendu de l’entreprise de Bertrand Marchand, où elles avaient été façonnées, prêtes pour l’assemblage. Après avoir été transportées à Montoire, depuis la scierie de Saint-Martin-des-Bois, elles furent acheminées par le train jusqu’à Batz. Le montage de l’ensemble de l’ossature des deux chalets a été réalisé sur place, en une semaine. Les chalets, en dehors de leurs couleurs, étaient rigoureusement identiques.

Bertrand Marchand était alors âgé de soixante-huit ans et ce fut sans doute l’un de ses derniers projets.

À l’origine, le chalet le plus proche de la plage portait le nom de Saint-Arnoult, du nom de la commune de naissance de Bertrand Marchand, l’autre s’appelait Bel Horizon. La maçonnerie de Bel Horizon était de couleur blanche, les poutres d’un rouge carmin éclatant ; Saint-Arnoult, de teinte gris foncé pour les murs et marron pour les poutres, a partiellement conservé sa teinte d’origine. Des cheminées sont ajoutées ultérieurement. L’ouverture pratiquée dans la partie supé­rieure d’un pignon orienté vers la mer, conduira à modifier légèrement l’ossature. En dehors de ces modifications mineures, l’architecture globale extérieure de ces deux immeubles est restée inchangée, ce qui est rare pour des villas de cette époque.

Chalet du site Marchand, construit postérieurement aux deux autres.

Chalet du site Marchand, construit dans les années 1960, postérieurement aux deux autres chalets.
Collection personnelle

En même temps que la construction des deux chalets, une maison sans âme, la Hurlette, de type longère, est bâtie. Cette maison ne donne pas sur la rue Appert, mais sur ce qui deviendra une impasse ; ce n’est alors qu’une longue cuvette, dans laquelle est installée la cabane de Léon2.

Monsieur Marchand était un homme d’action et l’inactivité des vacances ne correspondait pas à son caractère. Ces immeubles étaient donc avant tout un placement financier et leur usage était réservé à la location.

La partie méridionale de la Hurlette, fut louée pendant de nom­breuses années par un grand imprimeur du Mans, tandis que l’autre partie était occupée épisodiquement, en saison, par le ménage Marchand et ses amis, invités à venir y partager des moments festifs, sur la plage ou au casino de la Baule.

Elle est aujourd’hui devenue un local municipal à destination des loisirs pour les jeunes.

Quelques années plus tard, Bertrand Marchand construit un local à usage de garage, en bordure de la rue Appert. Ce garage est rapidement aménagé en local habitable, puis converti en une villa à l'architecture proche de celle des deux chalets.

Au décès de Bertrand Marchand, les quatre immeubles sont vendus à de nouveaux propriétaires que nous n’évoquerons pas ici.

Au début du xxe siècle, quelle que soit leur architecture, les maisons des villégiateurs étaient appelées des « chalets » ; avec ses constructions, Bertrand Marchand rendait au « chalet » son aspect traditionnel.

Le constructeur

Bertrand Charles Ernest Marchand, né en 1882 à Saint-Arnoult, dans le nord du Loir-et-Cher, était le quatrième des six enfants d’Eugène Marchand, tuilier, et Marie Bellay.

Vue aérienne du site des Chalets Marchand en 1951.

Vue aérienne du site des Chalets Marchand prise le 16 août 1951.
Source : I. G. N.

Il ne semble pas que des faits d’armes particuliers soient à porter à l’actif de Bertrand dans le cadre de son service militaire ; quelques évènements l’émaillè­rent cependant. Incorporé en novembre 1903, il est mis en disponibilité en septembre 1906. Entre temps, le tribunal de Vendôme l’a condamné à une amende de seize francs, pour « blessures par imprudence », mais un sursis à l’exécution lui est accordé, ainsi que le traditionnel certificat de bonne conduite. Rappelé le 12 août 1914, il participe à la campagne contre l’Allemagne d’août 1914 à mai 1916. Parti aux armées le 12 septembre 1914, il est évacué pour cause d'entorse le 19 et réformé le 11 mai 1916.

Bertrand Marchand se maria avec Angèle Langlois en 1907, mais le mariage ne dura pas et, en 1920, il se remarie avec Émilienne Jeanne Madeleine de Schryver.

De ce deuxième mariage naît en 1922 une fille, prénommée Simone, qui se marie avec Charles Beaupetit, rencontré à Saint-Martin-des-Bois, où Charles commence sa brève carrière d’instituteur en 1941. Réfractaire au STO, Charles est arrêté, s’évade et rejoint le mouvement de résistance « Libération-Nord ». Reprenant ses études, il obtient le diplôme de géomètre-expert et installe un cabinet à Montoire, en même temps qu’il s’investit dans l’entreprise de sciage et négoce du bois de Bertrand Marchand, transférée à Montoire.

En 1959, deux ans après le décès de son beau-père, il s’engage en politique : conseiller municipal, conseiller général, maire de Montoire, il est élu sénateur de 1974 jusqu’à sa mort en 1986.

Dans mon souvenir, Bertrand Marchand, bien qu’ignorant, et pour cause, la future carrière politique de son gendre, lui vouait une admiration sans borne. Il le citait fréquemment en ces termes « Beaupetit mon gendre a dit... »... Il n’y avait rien à ajouter.

8 avril 2022



Notes :
1.Cette date a été déterminée à partir des informations concordantes du cadastre, des vues aériennes de l’I. G. N. et de souvenirs personnels.
2.Homme à tout faire, menuisier, il avait installé là, juste après la guerre, une cabane abritée de la mer par la clôture des Alouettes.

Contes et légendes

En septembre 2018, une agence immobilière proposait à la vente le chalet aménagé dans les années 1960, à partir du garage ajouté par Bertrand Marchand.

L’annonce précisait que la construction datait de 1920 et que la maison était« classée ». Plus de 40 ans d’erreur sur la date de construction ! Quant au classement, son origine reste inconnue, l’ossature en bois n’étant notamment pas représentative de l’architecture locale, tournée vers le granit.


-  © Jean-François Caillet 2008-2022  - 

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V2.0 - 17/10/2022 - 15:03:59