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Titre de la page du chalet «Le Prieuré Saint-Georges» de Bourg de Batz aux XIXe et XXe siècles

Bourg-de-Batz — Hippolyte Vaucourt au Prieuré Saint-Georges

Aller en haut de page Le Prieuré Saint-Georges, titre de la chronique de ses premiers habitants.

Joseph Nestor Hippolyte Vaucourt

Portrait de Joseph Nestor Hippolyte Vaucourt.

Portrait de Joseph Nestor Hippolyte Vaucourt.
Collection personnelle

La photographie ci-contre est une reproduction de celle qui figure sur le monument funéraire des époux Vaucourt dans le cimetière de Batz.
Monsieur Vaucourt porte les médailles suivantes : la Légion d’honneur dont il a été fait chevalier le 29 décembre 1900 et officier le 12 juillet 1910, les Palmes académiques attribuées le 17 janvier 1895, le Mérite agricole1 le 6 janvier 1899 et l’Étoile noire le 18 mars 1899.

Joseph Nestor Hippolyte Vaucourt, dont le prénom usuel sera Hippolyte, naît le 19 janvier 1850 en Normandie, à Graville-l’Heure, commune qui sera rattachée au Havre en 1919. À sa naissance, son père est inspecteur au Chemin de Fer. Sans doute ce poste supposait-il une certaine mobilité géographique : la famille était en fait originaire de l’est de la France, plus précisément de Sainte-Croix-aux-Mines en Alsace2.

À l’âge de vingt-sept ans, Hippolyte est nommé « notaire à la résidence du Theil [sur-Huisne]3 », petit bourg d’un millier d’habitants dans l’extrême sud de l’Orne. L’année suivante, il est élu maire de la commune, suivant là encore les traces de son grand-père.

Mais il a gardé des liens avec l’Alsace puisque c’est à Reichshoffen qu’il épouse, le 22 mai 18824, Marie Louise Joséphine Singer5, descendante d’une lignée de marchands de bois, originaire du Bas-Rhin.

Avis de décès de Jean Georges Marie Hippolyte Vaucourt.

Avis de décès de Jean Georges Marie Hippolyte Vaucourt.
BNF - Le Temps du 16 mars 1900

Le 30 décembre 1883 naît, au Theil, leur fils Jean « Georges » Marie Hippolyte.

Hippolyte poursuit sa carrière au Theil et cumule les activités : il est nommé délégué cantonal de l’enseignement primaire pour le canton du Theil et juge de paix au tribunal du même lieu. À l’étroit au Theil, Hippolyte Vaucourt fréquente le milieu républicain de Paris et collabore au quotidien la République française, en tant qu’administrateur, puis directeur administratif. En 1903, il est nommé administrateur du Souvenir français dont la mission est d’entretenir le souvenir de la guerre de 1870.

C’est à cette époque, vers 1895, que le couple découvre Batz. Monsieur Vaucourt s’investit alors de plus en plus dans la vie publique de Batz ; élu maire en 1902, il n’exercera qu’un seul mandat, mais, au-delà, continuera de jouer un rôle dans l’administration de la commune.

 1900 est une année noire pour le couple : le 14 mars, leur fils unique, Georges, meurt à 16 ans de la fièvre typhoïde au domicile de ses parents, 148 rue de Rennes, à Paris6. Son prénom usuel, Georges, sera donné au prieuré, au yacht d’Hippolyte, ainsi qu’à un corps de bâtiment du Foyer construit à Batz par Madame Vaucourt, sur lequel il est encore gravé aujourd’hui.

Hippolyte Vaucourt décède le 4 juillet 1920 au Prieuré Saint-Georges. Sa femme Marie-Louise meurt le 4 septembre 1946, également à Batz. Les obsèques d’Hippolyte sont célébrées le 20 juillet à Paris et la presse annonce son inhumation au cimetière Montparnasse, mais les tombes du couple, ainsi que celle de leur fils, se trouvent dans le cimetière de Batz, dans un monument situé le long de la rue de l’Atlantique.

8 février 2017



Notes :
1.Pour la petite histoire, notons que c’est son ami Jules Méline, député des Vosges, ministre de l’Agriculture, Président du Conseil, qui créa la décoration du Mérite agricole. C’est également lui, originaire de la même région qu’Hippolyte, qui l’introduisit dans la direction du journal La République française, où Hippolyte Vaucourt exerça notamment la fonction de directeur administratif.
2.Le patronyme Vaucourt vient, selon toute vraisemblance, du nom de la commune éponyme située en Meurthe-et-Moselle, près de l’Alsace.
3.Il reprenait ainsi la profession de son grand-père paternel.
4.Rappelons qu’à cette date, l’Alsace, annexée, est occupée par l’Allemagne.
5.Se reporter à cette page pour une discussion sur les origines de Marie Louise Singer et l’impossibilité de tout lien avec Isaac Merritt Singer, industriel de la machine à coudre.
6.L’un des témoins de ce décès est Julien Joran, dont une carte postale figure par ailleurs dans ce site.

La vie municipale d’Hippolyte

La prise du pouvoir, dans la séance du 24 août 1902, l’opposition se lève...

Après une période de grande stabilité au conseil municipal de Batz, la vie locale s’anime à la fin du xixe siècle. Les maires se succèdent à un rythme soutenu : en 1899, après dix ans de mandat, la gestion de Charles Lehuédé est contestée ; une mésentente sur la construction d’une clôture7 sert de prétexte à sa démission. Pierre Marie Lecallo, premier adjoint, lui succède pendant quelques mois.

En mai 1900, après la tenue des élections municipales normales, Jean Baptiste Bertrand est élu maire ; deux ans et demi plus tard, son autorité est remise en cause, douze conseillers, représentant la majorité du Conseil municipal, démissionnent et provoquent une nouvelle élection, qui se déroule le 24 juillet et le 4 août 1902. Les conseillers démissionnaires sont réélus pour la plupart d’entre eux, mais quatre nouveaux conseillers, dont Hippolyte Vaucourt, font leur apparition.

Après un vote de défiance envers l’administration du maire, refusant de participer aux délibérations, quittant les séances du Conseil municipal des 24, 31 août et 7 septembre, Hippolyte Vaucourt et ses partisans contraignent le maire à démissionner. Le 12 octobre, il est élu maire avec quatorze voix, face à l’ancien maire, Jean Baptiste Bertrand qui n’en recueille que trois.

Fin manœuvrier, à cinquante-deux ans, Hippolyte Vaucourt a conquis la mairie ; il s’installe définitivement à Batz et va apporter un élan nouveau à la commune.


L’affaire du legs Caruel de Saint-Martin — Abrégé

Le 4 mai 1897, un incendie ravage le Bazar de la Charité à Paris, dans lequel périt Marie Amélie Élisabeth Green de Saint-Marsault, baronne de Saint-Martin, épouse de Paul Caruel de Saint-Martin, richissime constructeur du château de Saint-Nudec, au bord de la plage Valentin.

Femme de cœur, par testament à la commune, elle fait un legs pour fonder une œuvre d’aide aux matelots ou veuves ou orphelins de matelots, moyennant deux messes perpétuelles quotidiennes pour son mari et elle-même.

Ses enfants refusent que cette disposition soit réalisée et, bien que le legs soit accepté par la municipalité, l’affaire s’enlise. En outre, une difficulté supplémentaire apparaît : en quel lieu, par qui, doivent être célébrées les messes demandées ? Batz, ou Saint-Philippe-du-Roule comme le prescrit la jurisprudence, ce qui annulerait pratiquement le don monétaire, compte-tenu du prix des messes à Paris ?

Hippolyte Vaucourt se saisit de l’affaire et, après bien des péripéties (décision négative du Conseil d’État, intervention du Président du Conseil8, rencontre avec le Secrétaire général de l’Archevêché de Paris, procès), entreprend une négociation avec les héritiers de Saint-Martin. Cette négociation aboutit à une transaction au terme de laquelle une somme de 60 000 francs est versée à la commune en juin 1913, sans obligation d’aucune sorte quant à son emploi, après 16 ans de procédure.

16 avril 2018



Notes :
7.Charles Lehuédé, lui-même entrepreneur, refuse d’imposer à Allard de Grandmaison, industriel, la construction d’une clôture autour d’une carrière, où sont entreposées les boues résultant du lavage du sel, alors que la majorité du Conseil exige cette construction. La demande du conseil n’était pas dénuée de fondement : quarante ans plus tard, un paludier se noiera dans une carrière appartenant à Charles Lehuédé.
Mais il était délicat pour Charles Lehuédé de sanctionner Antony Allard de Grandmaison, son beau-frère par son mariage avec Marie Jeanne Deniel, sœur de Catherine Marie Deniel, épouse d’Allard de Grandmaison.
Allard de Grandmaison avait eu l’occasion d’assurer le show, cinq ans auparavant, quand, dans une séance conflictuelle du conseil municipal, face à une demande du maire, il avait refusé de faire sortir son chien au motif que « son chien payait 30 sous d’impôt et pouvait donc assister légitimement à la séance du conseil ».
Officiellement supprimé par la Révolution, le sou perdura au-delà de la Seconde Guerre mondiale. 30 sous équivalaient à 1,50 franc et la pièce de 5 francs valait 100 sous.
8.Rappelons qu’à cette époque, le Président du Conseil était désigné par le Président de la République, recevait le pouvoir par un vote de confiance du parlement et avait la responsabilité entière et complète des orientations politiques du gouvernement. Il n’avait cependant qu’une existence virtuelle au vu de la constitution et occupait toujours un poste de ministre (souvent l’Intérieur) pour légitimer son rôle et recevoir des émoluments.
En 1904, le Président du Conseil était Émile Combes, dont la politique mènera en 1905 à la loi de séparation des Églises et de l’État.


-  © Jean-François Caillet 2008-2022  - 

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V2.0 - 16/10/2022 - 21:45:07